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Guillaume Babin, un président engagé pour l'association Univers Sel

Rencontre avec Guillaume Babin, président de l’association Univers Sel qui appartient au collectif « 1% for the Planet ». C’est grâce à ce mouvement que les relations entre les associations et les entreprises peuvent avoir lieu. « 1% for the planet » créé des liens et permet des dons cohérents auprès d’associations engagées sur le terrain.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Guillaume Babin, je suis directeur de l’association Univers Sel. Je travaille sur des projets liés au développement durable depuis une douzaine d’années, le plus souvent à l’international. J’ai travaillé sur les impacts liés aux dérèglements climatiques, ainsi que pour une mission médicale humanitaire et maintenant cela fait 2 ans que je travaille pour Univers Sel, association qui soutien l’agriculture paysanne dans les pays du sud, spécifiquement pour la filière du sel et la riziculture.

Quand a été fondée l’association Univers Sel ?

L’association a été fondée de manière formelle en 1991, nous allons donc fêter nos 30 ans cette année. Mais l’initiative est de 2 à 3 ans plus vieille, il y avait un certain nombre d’actions qui se faisaient de manière informelle auparavant.

Pouvez-vous nous présenter l’association ?

C’est une association qui a été créé il y a 30 ans par des paludiers, les producteurs de sel de Guérande.
C’est au cours d’un voyage au Bénin qu’un paludier guérandais et son amie ont rencontré des femmes qui exploitaient elle aussi le sel depuis des siècles dans une lagune au sud du pays. Et au fur et a mesure des échanges avec ces femmes, ils se sont aperçus qu’elles avaient des difficultés à vivre décemment de leur production.

De retour à Guérande, les paludiers se sont rapidement organisés pour apporter du matériel, organiser des formations pour accompagner les productrices vers des techniques qui soient plus fructueuses mais aussi moins pénibles et qui préservent l’environnement.

En Afrique de l’ouest la méthode de production principale fait appel à la combustion de bois. Dans les zones de mangrove, l’eau est saumâtre (c’est un mélange d’eau de mer et d’eau douce) et elle s’infiltre dans les sols. C’est pendant la saison sèche que l’eau s’évapore et le sel cristallise à la surface. La technique de production de sel consiste à gratter ces terres qui sont salées sur lesquelles le sel s’est cristallisé, puis les terres salées sont mélangés avec de l’eau des mangroves (le saumâtre) et sont finalement filtrées pour obtenir une saumure. Cette saumure, de l’eau qui est riche en sel, est ensuite cuite dans des grandes marmites.
Cette technique fonctionne très bien mais nécessite énormément de bois, il faut environ 3 tonnes de bois pour 1 tonne de sel produite. En plus des effets de gaz à effets de serre, elle entraine la déforestation environnante des forêts de mangrove ou des autres forêts.
Une technique qui est également très pénible (journées à rallonge debout et fumée toxique inhalée). Les productrices parlent souvent de gêne au niveau des voies respiratoires et des yeux.

La méthode alternative que l’on propose repose sur les mêmes savoir-faire (gratter la terre cristallisée pour obtenir une saumure par un effet de filtration). Néanmoins au lieu de faire cuire cette saumure, elle est étendue sur des bâches. Les énergies solaires et éoliennes permettent d’en récupérer le sel par évaporation de l’eau au bout de plusieurs jours.

Depuis 20 ans nous agissons pour la riziculture de mangrove. Si on observe les marais salants, on se rend compte que produire du sel c’est avant tout savoir comment gérer de l’eau. Il faut savoir gérer cette eau dans des vases communicants et c’est ce qui se passe dans les rizières de mangrove. Et c’est une production encore plus complexe puisqu’il faut savoir gérer l’eau de pluie, l’eau d’écoulement et en même temps l’eau des mangroves qu’on fait intervenir sur l’eau des rizières à certaines périodes de l’année. Notre association a donc pour but de faire un accompagnement technique mais aussi organisationnel pour que les productrices puissent mieux vivre de leur production.

Combien de personnes travaillent pour Univers Sel aujourd’hui et quels sont leurs différents rôles ?

Alors aujourd’hui nous sommes 20, 3 à Guérande et 17 personnes sur le terrain. Il y a des animateurs techniques qui évoluent sur le terrain avec les productrices et les producteurs. Il y a une personne qui supervise ces équipes d’animateurs techniques et puis plusieurs postes supports : un responsable administratif et financier, des personnes responsables du suivi d’évaluation et des coordinateurs de projet.

De manière très concrète quelles ont été vos dernières actions ?

Alors de manière très concrète, notre chargée de projet Pauline est actuellement sur le terrain. Elle supervisait une mission au Sénégal et rentre d’ailleurs aujourd’hui. Pendant sa mission elle a accompagné un groupe de productrices dans la ville de Palmarin pour les aider à organiser leur assemblée générale. En effet, nous les accompagnons et organisons des formations sur la gouvernance : Comment faire pour tenir une assemblée générale ? Qu’est ce qu’une association, un collectif ou une coopérative ? Pourquoi y a t’il un président, un secrétaire ou un trésorier ? Comment fait-on pour que ces structures représentent au mieux les producteurs et productrices qui les composent ? Comment fait-on pour prendre des décisions de manière collective? Quelle est l’importance d’une assemblée générale pour savoir remettre en jeu les pouvoirs en place ?

En Guinée Bissau nous avons organisé des formations de productrices pour différents projets. Nous avons également réalisé des installations hydro-agricoles dans leurs rizières. Nous sollicitons aussi les producteurs locaux pour ces ouvrages qui nécessitent énormément de main d’œuvre pour déplacer les installations et des tonnes de vase.

Plus récemment, nous avons organisé à Guérande une journée internationale de ramassage de déchets que l’on a fait en simultané avec deux établissements locaux et une association de jeunes en Guinée Bissau.

Quels sont vos projets pour le court et plus long terme ?

Nous intervenons donc actuellement en Guinée Bissau et au Sénégal.
Nos projets en Guinée Bissau se focalisent sur l’organisationnel et des démarches sur le long terme. Il faut 5 ans pour un projet court mais il faut compter plus de 10 ans pour une projet long terme.
Au Sénégal c’est différent, nous ne travaillons pas sur l’aspect technique mais plutôt sur la valorisation du sel et sur une problématique sanitaire. En effet, au Sénégal il y a un problème de carence en iode au sein de la population. Ce qui créé beaucoup de problèmes, notamment chez la femme enceinte, pendant l’accouchement, et lors du développement de l’enfant. Pour combattre cette carence, il faut renforcer l’apport en iode dans l’alimentation. La meilleure solution est la diversification alimentaire mais le problème c’est qu’il faut une augmentation du revenu. L’idée est donc d’intégrer l’iode de manière artificielle dans l’alimentation. Et le seul support qui le permet et qui est efficace, c’est le sel. Le sel est donc iodé artificiellement après la récolte pour ensuite l’associer au processus de commercialisation et qu’il soit consommé par la population.

Nous travaillons activement avec un organisme d’État du Sénégal, une ONG sénégalaise qui s’appelle Concept et la coopérative des producteurs sel de Guérande. On accompagne les producteurs de plusieurs communes pour qu’ils mettent en commun leurs récoltes (s’ils le souhaitent) afin d’organiser une iodation et un stockage collectifs, puis un packaging et une communication etc. Voilà, on essaye de travailler sur la sauvegarde de cet artisanat qui est en déclin ces derniers temps et en même temps sur une problématique sanitaire qu’est la carence en iode.

Quels sont vos plus beaux souvenirs au sein de l’association ?

Je pense que c’est lors des échanges avec les producteurs et les productrices sur les accompagnements techniques que nous faisons, lorsqu’ils ils nous disent que la production est effectivement facilitée et sécurisée. C’est le fait de voir sur place que leurs productions sont  garanties, d’entendre des témoignages de productrices sur le fait que la production solaire que l’on propose permet de dégager du temps, de réduire la pénibilité…  

Quelles sont les valeurs de Univers Sel ?

Ce sont les échanges de savoir-faire entre producteurs. L’association a été créée par des paludiers, et est encore administrée globalement par des paludiers. Il y a dix personnes dans le conseil d’administration dont 7 qui sont paludiers et cela garantit le fait que nos actions fassent en sorte de ne rien imposer aux producteurs avec lesquels on travaille.

On co-construit avec eux et on adapte les techniques et les stratégies du projet. Instinctivement les paludiers de l’association se mettent à leur place et imaginent quelqu’un qui arriverait sur le marais et qui remettrait en cause leurs techniques, ce n’est pas possible… Il faut réfléchir ensemble selon le contexte et comprendre la réalité de leur terrain afin de trouver des solutions pertinentes.

Depuis quand êtes vous membre de l’association "1% for the planet" ?

C’est très récent, depuis le mois de mars 2021.

Pouvez vous expliquer l’objectif de l’association 1% for the planet et la relation que vous entretenez ?

Le 1% pour la planète est un réseau qui permet de mettre en lien des associations et des entreprises qui veulent s’engager sur des thématiques environnementales. Ce réseau « labellise », en quelques sortes, les associations sur leurs impacts et cherchent à réunirent des entreprises qui reverseront 1% de leur chiffre d’affaires ensuite réparti entre les différentes associations labellisées. Cela permet aux entreprises d’affirmer leur engagement au niveau environnementale et de faciliter des actions de mécénat.

L’objectif de notre relation est, d’une part, d’être reconnu comme une association qui agit pour la planète puisque cela fait parti de notre ADN depuis 30 ans et qui à date n’est pas assez mis en avant. Donc cette reconnaissance du réseau est comme un label qui garantit l’efficacité de notre action sur la thématique environnementale et puis cela nous permet aussi d’avoir connaissance d’un certains nombre d’acteurs qui veulent s’engager sur cette thématique, que ce soit des acteurs privé ou associatifs. Il y a de plus en plus d’entreprises et associations qui font parti du réseau. On est un certain nombre sur la région Pays de la Loire et Bretagne à en faire parti. Peut être que cela nous apportera aussi de la visibilité. Par exemple, tous les ans, le 1% pour la planète organise une journée pour mettre en avant une quarantaine de projets associatifs et on espère un jour pouvoir nous aussi y assister et y présenter notre projet.

Quelle est la nature de votre relation avec Bodhea ?

Bodhea donne donc 1% de son chiffre d’affaires à Univers Sel.

Comment est il possible d’aider Univers Sel en tant qu’entreprise ?

C’est possible en adhérant au 1% pour la planète et en fléchant son don vers Univers Sel. C’est aussi possible grâce au mécénat de compétences, en proposant aux salariés de donner de leur temps à Univers Sel, comme par exemple en faisant de la communication, de l’analyse financière ou autre. Et puis nous pouvons avoir besoin de matériel informatique par exemple ou bien plus spécifique ou technique comme du matériel hydro-agricole. Et sinon juste en parlant de nous, en nous laissant un peu de place sur les réseaux sociaux, cela nous aide beaucoup…

Et en tant que particulier ?

C’est possible en devenant adhérant ou encore mieux en devenant bénévole, nous sommes toujours à la recherche de volontaires pour réaliser des actions sur notre site à Guérande, dans les écoles, dans les lieux publiques pour aller parler de l’association ou pour organiser des événements etc.

S’il n’y avait qu’une chose à retenir sur Univers Sel quelle serait elle ? Un mot d’ordre, une valeur, une action …

L’échange de savoir faire entre producteurs. Notre expertise vient de nos bénévoles paludiers qui mettent à disposition leur savoir-faire au service de leurs homologues dans d’autres pays.

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